top of page

Vers une éducation de coopération et de conscience globale

Une vision certes réductrice, mais plutôt réaliste de nos cultures. Le travail forcé des enfants était encore admis chez nous jusqu'au XXème siècle, et l'est toujours dans la plupart des pays du monde. L'exposition aux écrans de plus en plus jeune permet à de nombreux parents d'être "tranquilles" et fait des ravages dans le développement psycho-moteur des enfants. L'éducation à la coopération reste très minoritaire alors que c'est d'une telle simplicité, pour cela il faut certainement de l'espace mental et du temps, ce dont manquent les parents actuels, je ne suis pas là pour juger cela mais pour encourager de nouvelles pratiques :)
Une vision certes réductrice, mais plutôt réaliste de nos cultures. Le travail forcé des enfants était encore admis chez nous jusqu'au XXème siècle, et l'est toujours dans la plupart des pays du monde. L'exposition aux écrans de plus en plus jeune permet à de nombreux parents d'être "tranquilles" et fait des ravages dans le développement psycho-moteur des enfants. L'éducation à la coopération reste très minoritaire alors que c'est d'une telle simplicité, pour cela il faut certainement de l'espace mental et du temps, ce dont manquent les parents actuels, je ne suis pas là pour juger cela mais pour encourager de nouvelles pratiques :)

(Ce texte est un extrait de mon prochain livre "Le Yoga de l'éducation")


Si l’on est en présence d’enfants au quotidien, faisons de notre mieux pour être pleinement présents, même si ce rôle d’accompagnant est parfois déplaisant. Soyons pleinement là, car nous avons choisis ce chemin de guide, d’éducateur, de parent, et nous pouvons choisir la manière d’éduquer l’enfant. Incarner pleinement notre rôle, cela signifie que nous avons le choix des pratiques, des outils, des façons de faire : soyez un parent ou un éducateur en accord avec vous-mêmes, faites avec les enfants ce que vous adorez ! Un enfant n’a pas besoin d’être couverts de jeux éducatifs, de sorties pédagogiques, de divertissements coûteux ou de leçons, il a besoin que vous soyez heureux avec lui !

 

Pour l’enfant, que signifie de remplir son rôle ? En suivant cette logique, j’estime que l’accomplissement d’un enfant est de suivre ses intuitions propres, qui le poussent à jouer librement, à créer des liens avec les personnes qui l’entourent[1], à s’épanouir depuis un sentiment de sécurité. Selon les stoïciens, accomplir ses devoirs sociaux avec la conscience de réaliser par là sa nature propre est digne d’un sage. Alors cessons de demander aux enfants d’être sage, mais préparons-les à être des sages. Et pour devenir des sages, peut-être doivent-ils jouer pendant des heures aux Lego, aux Pokémon, aux toupies, aux poupées, à se raconter des histoires et s’amuser avec un bout de carton, regarder les images d’un livre fétiche sur les robots, les dinosaures ou les peuples du monde, courir sans arrêt, lancer des bâtons, contempler des nuages, se rouler dans la boue, sauter dans les feuilles mortes, grimper aux arbres, chasser les pigeons, traîner au lit en réfléchissant à ce qu’il deviendra plus grand, rêvasser en classe.

 

Toutes ces activités sont probablement communes à tous les enfants du monde[2], pourtant, il manque quelque chose de crucial qui a occupé les enfants depuis la nuit des temps et qu’on ne retrouve plus chez nous. Savez-vous ce que c’est ?

 

J’ai évoqué au début de ce livre qu’un des instincts primordiaux de l’humain était, à l’inverse de tout ce qu’on nous a enseigné, la coopération. La coopération signifie que chacun porte un petit bout du bien-être de tous, et y contribue volontairement. Dans nos sociétés archi-compétitives, nous ne voyons pas le monde comme ça, n’est-ce pas ? On voit facilement le monde comme le terrain de combats acharnés entre traders, politiciens, industriels, influenceurs, militaires. Combats que gagnent les plus fourbes, les plus corrompus, les plus diplômés, les plus gradés, toutes ces choses qu’on associe parfois à l’intelligence. Lorsqu’on voit le monde ainsi, vous vous doutez bien qu’il existe peu de place pour l’innocence d’un enfant, n’est-ce pas ? Alors on a imaginé qu’il convenait de briser cette innocence dès le plus jeune âge, afin de préparer les enfants à vivre dans ce monde-là[3].

 

Dans l’ouvrage C’est pour ton bien[4], la psychanalyste Alice Miller retrace l’histoire du mouvement Nazi sous cet angle de vue. Elle évoque les textes de pédagogie qui étaient populaires dans l’Allemagne du début du XXème siècle, qui prescrivaient de détruire la volonté propre de l’enfant dès le plus jeune âge, textes qui ont marqués l’enfance des généraux Nazis, et bien sur leurs parents et leurs grands-parents (il est certain qu’aucun adulte élevé dans l’innocence et la joie n’aurait validé ce qui était inscrit dans ces livres). Alice Miller nous raconte une tragique histoire de notre culture moderne comme jamais cela a été fait, pointant qu’au fond, tous ceux qui avaient suivis Hitler (et aussi lui-même), avaient l’intelligence émotionnelle d’un enfant de 2-3 ans.

 

Cette histoire terrible décrit un cas extrême qui a causé de millions de morts, et quelque part cela parle aussi de la vie quotidienne que nous vivons tous. Car oui, cette vision mortifère de l’enfance rôde encore dans nos esprits.

 

Vous allez peut-être me dire, comme la plupart des gens lorsque j’évoque ce thème, que c’est exagéré, que vous vous sentez au-dessus de ça, que cette histoire est passé, exagérée, et peut-être avez-vous raison. Maintenant, regardons concrètement l’éducation qu’on valide de nos jours. Nous prépare-t-elle, comme le préconise les objectifs de l’ONU et de l’UNESCO, à un monde de paix, de coopération, de créativité, de dialogue ?

 

[…] les étudiants ont besoin, pour être préparés à la vie, au travail et à la citoyenneté au XXIe siècle, de sept compétences de survie: Pensée critique et résolution de problèmes - Collaboration et leadership - Agilité et adaptabilité - Initiative et esprit d’entreprise - Communication orale et écrite efficace - Obtention et analyse de l’information - Curiosité et imagination.[5]

 

Non, ce n’est pas le cas, et pour preuve les chiffres toujours en hausse[6] de :

-       Temps passé à l’école et aux devoirs scolaires

-       Temps passé sur les écrans (adultes comme enfants)

-       Taux d’anxiété et de phobie scolaire

-       Taux de suicide chez les jeunes

-       Taux de jeunes en difficultés, porteurs de troubles (TDAH…)

 

Et en même temps, baisse de :

-       Temps passé en famille et à dialoguer

-       Temps de jeu libre (Voir note 110)

-       Compétence physique, motricité et coordination globale des enfants (de mon observation)

 

On comprend facilement, avec cette analyse, que la plupart des jeunes ne désirent actuellement qu’une chose : gagner de l’argent facilement et rapidement.[7] Fatalement, ce type de désir égocentré contribue aux écarts de richesse, à la création de pauvreté et de misère dans le monde, misère pour tous ceux qui n’y arriveront pas et pour tous ceux qui soufreront des conséquences de ce mode de vie : cela inclut donc autant les populations non-industrialisés mais aussi les nôtres, car les dérèglements climatiques et économiques finiront forcément par nous toucher aussi à un moment donné. Une des conséquences qu’on sous-estime est le nombre de personnes qui seront contraintes de se déplacer à cause du dérèglement climatique, chiffre estimé à 500 millions. Où iront-ils à votre avis ?

 

Le monde à venir est incertain, nous le savons tous.

 

Qui, parmi nous, arriverait à porter des valeurs éducatives qui aident les enfants à construire le monde de demain ? Monde qui sera, à coup sûr, très différent de celui du XXème siècle.

 

Nous devons inculquer cette vision d’un monde connecté et soutenable, et pour cela, je fais appel à cette activité que nous avons perdu depuis près de 100 ans, trop centrés sur les désirs de l’enfant et non les besoins de la communauté. Entre besoins et désirs, il existe un monde, et ce n’est pas une question de bien et de mal, mais plutôt de conscience. Il convient, dans cette vision éducative, de favoriser les besoins de la communauté en encourageant les enfants à y contribuer, non de dénigrer ou de restreindre leurs désirs. Voyez-vous la différence ?

 

Cette activité fondamentale, qui je crois, élève les enfants à vivre dans un monde connecté, soutenable, coconstruit, coopératif, c’est l’entraide familiale, l’esprit de coopération que l’adulte infuse à l’enfant en l’invitant à travailler avec lui, à prendre part aux tâches du quotidien.

 

Ce peut-être une petite tâche ou une grande tâche, mais une tâche adaptée à ses capacités, qui fait appel à du matériel adapté à ses capacités. On ne peut pas tout demander, c’est certain, mais on peut tout inviter, tout préparer, tout enseigner, tout accompagner, afin qu’un jour l’enfant gagne en autonomie et gagne en confiance qu’il est une partie active de la communauté. Ce sentiment qui nous donne l’impression de faire partie de quelque chose qui nous dépasse est le seul qui puisse contrecarrer les instincts égocentrés qui poussent à la compétition et la satisfaction immédiate de nos désirs. Cet instinct, très valorisé de nos jours, qui exaspère tous les parents avec qui je parle.

 

Pour avancer vers cette parentalité synonyme d’entraide et de complicité, nous pouvons appliquer la méthode TEAM, qui s’inspire du mode d’éducation des mères du monde entier.

 

-       Tendresse : Donner de l'importance à l'inclusion et la participation de chaque membre de la famille dans la vie familiale, comme si chacun était un coéquipier.

-       Encouragement : Mettre l'accent sur l'encouragement plutôt que sur la contrainte, en évitant les punitions et en favorisant la confiance en soi de l'enfant.

-       Autonomie : Encourager l'autonomie et l'indépendance de l'enfant en limitant les directives et en lui permettant de prendre des initiatives.

-       Minimum d'ingérence : Préconise de laisser l'enfant explorer et apprendre par lui-même, en intervenant le moins possible dans ses activités et ses jeux. On réduit les consignes au minimum, c’est-à-dire quelques-unes par heure, et non des dizaines comme c’est souvent le cas.


[1] Bien que, pour les enfants atypiques cela prenne des formes originales.

[2] En Inde ils remplaceront les Pokemon par le cricket, les Lego par les cerfs-volants par exemple.

[3] Cette vision du monde est une projection de nos névroses et désirs, dû au fait que nous-même, nous avons été brisés dans notre innocence étant enfants. Ce n’est pas une vision objective du tout.

[4] C'est pour ton bien, Racines de la violence dans l'éducation de l'enfant, Alice Miller

 
 
 

Commentaires


bottom of page