Par Nico Flow
Il y a « vivre », c’est être en vie, se sentir en vie. C’est l’état dans lequel nous sommes, disons nous les vivants.
Et il y a concept, mettons une idée préétablie sur comment certaines choses devraient être pensées ou faites.
Nous sommes tous remplis de concepts, sur comment nous devrions passer nos journées, comment nous devrions agir dans telle ou telle situation, comment se comporter avec les autres, nos paroles, nos pensées, nos actes sont tous plein de concepts. Il faut faire ceci ou il faudrait faire cela.
Les concepts sont-ils utiles, inutiles, nécessaires ou pas ? Nous aident-ils à être plus heureux, avec nous-mêmes et avec les autres ? Nous permettent-ils d’apprécier la vie, ou de mieux l’appréhender ?
Mais appréhender la vie, ne serait-ce pas un autre concept ? Y aurait-il vraiment quelque chose à appréhender ? Avons-nous besoin de connaître le concept de bonheur pour l’être ? Devons-nous faire quoi que ce soit qui soit utile ? L’inutile ne serait pas encore un concept ?
On peut partir d’un point de départ qui est ce que je suis, ce que je ressent être ma personne. A partir de là, qu’est-ce qui est, en moi et autour de moi, sans concept ?
Une réponse possible serait : ce que j’observe. Ce que je vois, en moi ou autour de moi, sans aucune interprétation peut être. Et ce dont j’ai fait l’expérience par moi-même.
Je me promenais dans la rue un soir et je voyais un chat, surement très jeune, et apparemment assez malade. De mon expérience, je sais comment se comporte un chat et quel est l’apparence d’un chat en bonne santé et au vu de celui-là j’en ai conclu qu’il était mal en point. Et ce chat, probablement en grande souffrance, se démenait pour essayer de faire quelque chose pour son sort. Ce chat n’avait aucun concept, ni même celui de guérison ou de médecine, ni même de bien ou de mal. Sentait-il alors la souffrance ? Surement, bien que pour lui ce ne soit pas quelque chose de négatif, juste un ressenti qu’il cherchait à contrer de ses moyens. Il se léchait, se mordait, bougeait ou ne bougeait pas, il faisait tout ce qu’il lui paraissait juste dans cette situation.
Alors je le regardais et je pensais :
Ce chat attendait-il qu’on l’aide ? Non.
S’apitoyait-il sur son sort ? Non.
Ce chat cherchait-il un remède miracle ? Non.
Ce chat pensait-il ce qui pouvait bien lui être le meilleur pour lui ? Non.
Ce chat essayait-il de comprendre ce qu’il lui arrivait ? Non.
Ce chat était dans un état d’urgence, instinctif, pur et mécanique, ressenti action. Il faisait tout ce qui lui semblait bon pour se sentir mieux. Cet état de priorité ultime, d’acte direct et intuitif, voilà ce qu’est vivre sans concept.
Alors on peut se demander : devons-nous vivre comme des animaux, devons-nous oublier la médecine ? Ces questions, sont, encore une fois, de nouveaux concepts.
Lorsqu’on est amoureux, si on considère ce concept-ci. Si on ressent une émotion si forte pour quelqu’un, si belle et si pure, si l’on est prêt à s’oublier pour cette personne, sans attendre en retour, sans jalousie, sans peurs, sans attachement, cet amour 100% pur cacao vous voyez ? Aucune matière grasse, aucun sucre ajouté, aucune trace de soja ou de lait, 100 % Cacao, peut-on dire qu’on est amoureux ? Surement. Dans cet état-là, lorsque notre bien-aimé(e) est là et nous attend, y a-t-il vraiment la moindre pensée qui arrive autre que « elle m’attend » ? A cet instant, se dit-on, elle m’attend pour ci ou ça, elle voudrait peut être des fleurs, attend-elle quelque chose de moi, qu’allons nous faire, est-ce que je devrais mettre une chemise ou un t-shirt, toutes ces considérations techniques … est-ce vraiment auquel on pense dans une telle situation ? Est-ce qu’on s’imagine dans 3 ans ou dans 10 ans, est-ce qu’on projette quoi que ce soit ? Surement car on est si habitué à ça … mais dans cet état d’amour, l’urgence de vivre est surement beaucoup plus fort.
Lorsqu’on est amoureux, et qu’on ressent un amour si beau, si pur, je crois bien que tout cela passe à la trappe et qu’on ai qu’une envie, c’est de vivre à 100%. Alors on oubli les concepts de plaire/déplaire, attachement/détachement, beau/laid etc … A ce moment tout ce qui importe, c’est de retrouver cette personne, non ?
Ceci n’est pas un concept, je l’ai vu en moi et il y a des chances que vous l’ayez vu en vous aussi. mais peut être pas …
Quand nous étions enfant, on mangeait quand on avait faim, on dormait quand on était fatigué, on jouait lorsque on avait aucune contrainte, pourquoi ?
Regardons l’oiseau, il cherche à manger, nourris ses petits après avoir fait un nid, il fait sa toilette et que fait-il du reste du temps ? Il survole le lac, se baigne, flotte dans le vent. Il ne se dit pas : « allons profiter de la vie ! », « qu’est-ce qui pourrait bien me plaire ?», « et l’avenir de mes enfants ? », « ou aller ? ». Aucune trace de concepts, aucune projection, il vit pleinement. Il fait beau il est dehors, lorsqu’il commence à avoir froid il va vivre ailleurs. Cette faculté vient-elle de sa génétique, d’un 6ème sens ? De son expérience ou alors reproduit-il simplement ce que ses parents faisaient ? Encore des concepts. Pour cet oiseau, lorsqu’il est temps de migrer, il migre, c’est tout.
Et alors comment vivre dans un tel état, étant humain adulte ?