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Inviter l'inconnu dans sa vie

Dernière mise à jour : 17 nov. 2021

Par Nico Flow



Ce matin j’ai croisé sur mon chemin à vélo une femme accompagnée de ses enfants et visiblement vivant une situation inconfortable de pleurs...


J’ai pensé à intervenir et me suis retenu, ne me sentant pas légitime, ou par peur de mal faire, d'empirer les choses, d'être maladroit, d'être mal vu...


J'ai réfléchi pendant 50 mètres avant de faire marche arrière. Pourquoi ?


Flashback [ Ce matin même, j’ai écouté une émission de France culture sur l’éducation positive, et il était question de la difficulté de mettre pratique toutes les bonnes paroles qui fleurissent de par les articles, livres, et conseils donnés par centaines aux parents (soucieux du développement harmonieux de leur enfant). Non seulement se remettre en question est difficile, mais sa propre approche de ce qu’on appelle « éduquer » encore plus ! [D'ailleurs, une maman spontanée et imparfaite est surement plus adéquate qu’une maman qui se met la pression dans son approche avec ses enfants / sa famille*. Je dis maman car les statistiques semblent indiquer que les papas qui prennent sincèrement un chemin de réflexion sur l’éducation et la famille restent moins nombreux.


Cette émission abordait le thème de la culpabilité des parents qui voudraient justement être parfaits, qui ont trop peur de mal faire, de dire non, de se faire juger pour leur conduite devant d’autres adultes. En effet, le monde des adultes reste souvent très violent, brutal, et bâti sur une compétition sans limite. C’est finalement cette violence insufflée (consciemment ou non) dans les rapports enfants / adultes que je trouve terrible, et qui fini par se répercuter dans l’éducation.


Tout se passe comme si les enfants avaient droit au respect, à la bienveillance etc... mais pas les parents qu'on peut violenter ou culpabiliser.



Je trouve les enfants assez gâtés, si récompensés avec des objets matériels, qu'ils ont parfois du mal à cultiver la satisfaction, la patience, mais suivent l'orientation de la société de consommation (comme les parents). Cultive-t-on l’émerveillement au quotidien, devant les nuages ou les fleurs, au lieu de tout faire vite ? Cultive-t-on la créativité pure au lieu de recopier ce qui est fait sur tic toc ? Les spécialistes positivistes préconisent, entre tout tolérer ou tout refuser, d’expliquer la responsabilité qu’entraine les choix qui sont pris.


Au lieu de dire « non ne fais pas ça », on peut dire avec affirmation « STOP … tu vois si tu fais ça il va se passer ça », et pour les plus grands : « comment vas-tu réagir s’il se passe cela ? »


Ce mouvement d’éducation positive est donc à double tranchant et des malentendus peuvent faire plus de mal que de bien : être capable de vivre toutes les situations du quotidien avec enthousiaste et bienveillance est, pour beaucoup, irréaliste. D’autant que nous devons pour beaucoup (et malgré toutes nos valeurs), suivre un minimum le rythme de la société, aussi fou soit-il. ] Fin du flashback


Pénétré de ces belles idées, je suis revenu et ai bien constaté la scène : un charriot accroché au vélo, contenant deux enfants dont un en pleurs et l’autre aussi embarrassé qu’impuissant. Il y avait bien une maman joyeuse mais peut-être à cours d’idée pour résoudre la situation avec bienveillance … en plein dans le thème ! J’ai spontanément demandé ce qu’il se passait en mettant de côté mes doutes sur leurs réactions face à un inconnu. La maman m’a expliqué que sa fille pleurait car elle ne voulait pas partager le véhicule, et je peux comprendre qu’à certains âges on désire avoir des choses que pour soi. Comment résoudre cela, sans snober le besoin de l’adulte (mon défaut), ni celui de l’enfant triste, ni de l’autre qui me regarde avec de grands yeux ? C’est en fait plutôt anodin … et si naturel … j’ai fait comme une vieille mamie :


« bah alors … on ne veut pas partager son siège avec sa grande sœur ? Oh oui c’est difficile, je sais … de partager … moi aussi j’ai eu 2 grands frères et j’ai dû partager aussi avec eux et je n’ai pas aimé, comme toi, mais tu vas apprendre à partager avec ses frères et sœurs, et aussi avec ses parents, c’est ça d’avoir une famille … »


Les pleurs ont cessé. Grand sourire : « oui … voilà … parfait, allez tope là maintenant ! »


Elle tape avec le gant, suivi par la seconde enfant. Il restait à faire une salutation plus cordiale avec la maman : « j’espère que ça ira, bonne journée ! »


Ce à quoi elle a répondu : « Merci, ça fait du bien de partager l’éducation avec des personnes extérieures parfois ! ». Cela amène la réflexion suivante :


Permettez à l’inconnu de rentrer dans votre vie !

L’inconnu sous forme d’activité inattendue, de jeu inventé sur le moment, de réactions nouvelles à une situation répétée, et aussi l’accueil des personnes inconnues que l’on rencontre.


Pourquoi ? Car, si les mots et les actes des personnes d’attachement marque profondément le développement d’un enfant (et est tout aussi important que les relations d’amitiés, de famille plus lointaine, le voisinage et les enseignants), les relations même insignifiantes avec des inconnus a aussi une grande importance !


Je n’ai pas meilleur exemple que la mamie qu’on rencontre dans un bus, assise sur le siège d’à côté, et qui par une phrase magique saura tout comprendre sur notre état intérieur et nous rassurer.


J’aime être cet inconnu qui permet aux enfants de faire ce qu’ils ne peuvent pas faire avec leurs parents, souvent coincés dans un rôle d’autorité, de faiseurs de limites (même lorsque ce n’est pas nécessaire).


Comme dit le proverbe : « Il faut un village pour élever un enfant »


J’invite chacun, chacune, à permettre à l’inconnu de s’inviter dans sa vie, en remplaçant tout préjugé, toute peur, par l’écoute de sa propre intuition et une confiance en la vie.


* : à ce propos, voir le sketch de Florence Foresty sur la maman calme. https://youtu.be/fRA2Am4TN8o

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