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Le calme intérieur peut-il venir de l’extérieur ?

Dernière mise à jour : 17 nov. 2021

Par Nico Flow





Le calme peut-il être quelque chose qu'on ajoute de l'extérieur comme un engrais ferait pousser une plante, la stimuler pour qu'elle se tourne vers le soleil, ou est-ce une qualité naturelle qu'il convient de laisser (re)devenir, en retirant toutes les choses qui l'empêchent de fleurir ?


Lorsqu’on a vécu une enfance à peu près normale, qu'on s'est senti suffisamment adapté à l'école pour ne pas en avoir trop souffert, qu'on a accepté sans trop se poser la question le bien-fondé du modèle de vie de nos sociétés à savoir étudier longtemps, travailler dur, profiter peu, on a une vision souvent biaisée et erronée du calme intérieur. Cette erreur a pour base une erreur de jugement, celle qui nous fait croire que nous devrions tous penser et agir pareil. C’est une vision trop linéaire de ce que signifie "vivre" et "être" dans ce monde, et cela est à mon sens pratiqué par des personnes à qui on a astucieusement labouré l'esprit créatif, la spontanéité propre à l'enfance, l'esprit critique qui permet de penser par soi-même, créant ainsi des moutons formatés. En soit on ne peut reprocher à personne cet état de fait, c'est ainsi. Le monde finit par être divisé en neuro-typiques, qui savent utiliser la même astuce pour s'adapter à ce monde, et ceux qui n'y arrivent pas, malgré toute leur bonne volonté, et au final tous en souffrent : ceux qui sont adaptés et acceptent leur non-volonté de changer les choses (car ils sont bien dans leur petit confort mental et matériel), et les inadaptés qui n'osent plus croire qu'un monde bienveillant est possible, je ne compte pas tous ceux qui oscillent entre ces deux catégories. En fait, ce qui devrait compter c'est le bien-être, la joie, le calme intérieur, pas l'effort ni le sérieux !


Pour appuyer mon raisonnement, voici une vision personnelle et non-objective de cette compréhension, inspirée des recherches sur le cerveau :


"soyez calmes" dit-on ... ce fameux calme que les enfants devraient être capable de tenir durant toute leur journée d’école, puis aussi dans leur journée d’enfant lorsqu’ils sont à table, mais aussi lorsqu’il y a des règles compliquées à suivre, mais aussi ... ... bref beaucoup trop souvent pour des êtres qui ne demandent qu’à jouer toute la journée. Mais qu’est-ce que jouer ? C’est justement choisir les règles, choisir les contraintes qu’on se pose, choisir de continuer de jouer ou d’arrêter à tout moment. Jouer n’est donc pas le seul usage de jouets, mais toutes les activités (et non-activités comme la méditation peut-être ?) où l’on peut être soi-même et explorer à son rythme. Selon des définitions actuelles, on peut dire qu’un enfant joue :


-s’il choisit de s’engager dans l’action, de lui-même ou suite à un processus d’adhésion

-si ses actes s’inscrivent dans une réalité qui est la sienne, sans conséquence sérieuse dans le monde réel

-s’il décide librement de ses modalités d’action, dans un cadre défini (règles sociales ou/et règles de jeu) - si les finalités du jeu sont incertaines (les élèves qui adhèrent à l’activité ne savent pas qui va gagner au final)

-Si l’activité est limitée en temps et dans l’espace.


L’enfant a donc ce besoin de liberté, de choix, de jeu. Dans un esprit neuro-typique, dominé par un usage du cerveau gauche, on aime laisser l’enfant jouer librement pendant 15 minutes convaincu qu’il saura plus se concentrer après pour effectuer des activités qu’il n’a pas choisi. Ce n’est pas entièrement faux, mais le point de départ reste erroné. Et cette erreur nous fait penser plusieurs choses tout autant erronées :


1) L’enfant qui, dans ces conditions, ne sait pas respecter la loi de l’école doit être un enfant perturbateur / TDAH / absent / décrocheur / TSA... ou l’on ne sait qu’inventer d’autre pour se donner raison.

2) Pour que les enfants puissent enfin réussir à se concentrer, il faut leur donner des clés et ajouter des temps (non-choisis de l’enfant bien sûr) de pleine conscience, de yoga, ou autre.


Non, les humains ne sont pas des machines, et les enfants sont tout autant humains que les adultes là-dessus. Le prétexte que leur cerveau n’est pas entièrement développé est souvent un argument utilisé par les adultes pour dénigrer / mépriser des enfants à qui on devrait plutôt ouvrir notre cœur. Ce serait donc plutôt aux adultes à apprendre à ouvrir leur cœur, plutôt qu’aux enfants à se forcer à rester dans un environnement hostile à l’humanité, n’est-ce pas ? Sur cet aspect d’écoute et de compréhension de l’enfant, il y a certes des progrès, mais la base même du but de l’école créé forcément des conséquences néfastes à son développement harmonieux. Car pour l’intellectuel OK, adapté à la société OK, mais pas harmonieux.


Pour donner un exemple concret de cette erreur, voici le cas des enfants que j'accompagne (et des enfants de manière générale, peut être en moins extrême), sous une forme simplifiée et selon ma vision des choses :


Il est donc crucial de permettre à l'enfant de vider son stock de colère, d’injustice, de frustration, pour revenir aussi souvent que possible dans la zone de détente et une fois-là, de permettre à son cerveau de modifier / corriger certaines connexions et en refaire de nouvelles.


Le calme intérieur n’est donc pas l’aboutissement d’un apprentissage, d’un processus intérieur de calme, mais un ressenti qui ressort naturellement dès qu'on créé un espace où chacun peut :


- Vider son stocks d’émotions accumulées (selon le niveau de chacun)

- Apprécier la vie en se sentant accepté tel qu’il est pour ne pas rajouter de nouveaux résidus d’émotions non-exprimées ou non-acceptées.


En parallèle de cela, nous pouvons apporter des clés aux enfants, des outils à utiliser, des pratiques intérieures, permettant de prolonger l’état de calme, ou de ne pas se laisser emporter par nos réactions/impulsions qui nous font devenir non-calmes. Mais pensons bien qu’elles ne doivent pas être transmises à partir d’une réaction (« vous m’énervez alors vous allez méditer ») mais d’une volonté de transmission et d’amélioration de notre humanité (« à présent que nous sommes calmes, réfléchissons sur les moyens que nous avons pour rester dans cet état »).


Rappelons-nous aussi que, si on comprend bien tout ceci, il ne devrait pas être nécessaire de créer toutes ces théories et méthodes : un environnement sain et bienveillant suffirait !


Nous, humains, ne sommes pas des robots. On ne peut pas appliquer un programme de méditation et attendre d’améliorer le calme, comme on programme un ordinateur. Bien sur ces pratiques améliorent beaucoup de choses, et nous devons les utiliser autant que possible, mais leur force vient du fait que nous pouvons en amont les intégrer, en faire des outils pour ne pas réagir au comportement des autres et ainsi garder cette bulle de calme : on appelle cela une discipline intérieure.


Cette bulle de calme qui n’est pas un ajout de calme permettant de rester « zen », mais une aptitude, une force, qui nous permet de ne pas réagir aux situations qui déstabilisent notre calme.


Ce n’est donc pas un aboutissement ou un but : le calme est toujours là.


Comme la fleur qui se ferme la nuit ne meurt pas, et qui attend juste le retour du soleil pour se rouvrir.


C’est ce qui vient perturber le calme qu’il faut enlever, comprendre, transformer, faute de quoi les beaux pétales de nos enfants faneront.

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