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Photo du rédacteurNicolas Delarose

Vivre ses Émotions comme un Super Guerrier

Dernière mise à jour : 7 juin


Quand Songoku est en colère, il ne fait pas semblant ! Est-ce que vous imaginez qu’il fait de l’EFT pour se calmer, ou se mette à méditer pour empêcher sa colère ?

Un Super Saiyan (Super Guerrier) est la transformation d'un être spécial qui décuple ses compétences face à l'émergence d'un danger. Songoku (sur l'image) est l'un de ces personnages, qui, dans le manga Dragon Ball Z, accèdent à ce stade. J'ai trouvé plusieurs caractéristiques qui décrivent le Super Saiyan, et cela me fait penser à certains traits des hyper-sensibles / HP d'ailleurs :

 

-       Il a un cœur pur

-       Il donne de lui-même

-       Il a acquis une grande puissance

-       Il répond à un besoin par la rage


Dans Dragon Ball, Songoku nous enseigne que "le pouvoir répond à un besoin, et non à un désir". Bien que les fans contestent cette citation, je trouve qu'elle nous enseigne quelque chose que je trouve très juste: les émotions nous servent à répondre à un besoin, et donc une émotion forte sert à réagir intensément face à un besoin urgent. Et surtout, si l'on a un coeur pur, nous agirons pour protéger le bien, non pour causer du mal.

« Le pouvoir vient en réponse à un besoin, pas à un désir. Vous devez créer ce besoin. – Gokû

Dans la première et célèbre transformation de Songoku, c'est la colère face au danger d'un ennemi puissant comme Freezer ainsi que le deuil face à la perte de son ami Krilin qui lui permet d'accéder à cet état de Super Saiyan. Dans Dragon Ball, ce sont les émotions de rage, de désespoir qui déclenchent une telle énergie, mais le combatant doit avoir atteint un haut niveau de maitrise pour gérer cette énergie. Les arts martiaux autant que le Yoga nous enseignent qu'il faut pratiquer longtemps avant d'élever son niveau énergétique, sous peine de "cramer" psychiquement. Dans Dragon Ball, c'est l'importance de l'intensité émotionnelle couplée au développement de soi qui permet d'atteindre de nouveaux pouvoirs. Mais nous n'avons pas tous 20 ans de pratique de Taï-chi ou de Hatha Yoga, ni ne vivons dans un manga, alors revenons au réel.


Nous sommes de nos jours dans un monde où beaucoup de personnes portent une colère car ils sentent le besoin de répondre à une menace. Que ce soit le dérèglement climatique qui nuit au bien-vivre sur notre planète et donc à nos descendants (une pensée pour Greta Thunberg, qui d'ailleurs reconnaît être autisme asperger), que ce soit à l’avidité qui amène certains à accumuler plus que ce dont ils ont besoin alors que des millions souffrent de la faim autour du monde, que ce soit à l’incohérence du monde éducatif qui nous dicte qu’il vaut mieux enfermer les enfants et les contraindre plutôt que les laisser explorer leurs intérêts, les injustices liées à la ségrégation, les actes de haine envers des personnes vulnérables, les communautés minoritaires. Et à coté de ça, nous enseignons à toute la population, et ce de plus en plus tôt, à gérer ses émotions. Les émotions fortes seraient un tort, un trouble à redresser, comme l'intensité des Hypersensibles, l'inattention des TDAH, les intérêts restreints des autistes, la curiosité des jeunes enfants, la rebellion des adolescents. Les émotions sont décrites comme positives ou négatives, on les divise en plusieurs catégories pour mieux les comprendre, on nous dit qu'il faut les gérer, mais rarement on explique en quoi elles nous servent vraiment.


Les adultes ont une telle soif d'émerveillement, d'émotions fortes qu'ils utilisent des GigaOctets à capturer la joie et la spontanéité de leur enfant sur leur téléphone.

Il n'y à qu'à regarder comme on reproche aux enfants leur pleurs, leurs colères, leurs peurs, leurs joies intense, leur excitation, et comme les adultes deviennent neutres, passifs, d'une courtoisie certes correcte, mais sans véritable vie, spontanéité, créativité. Les adultes ont une telle soif de vivre pleinement leurs émotions qu'ils utilisent des GigaOctets à capturer la spontanéité de leur enfant sur leur téléphone.


Devenir Super Saiyan, c'est accepter de nous laisser traverser par nos émotions, et développer la capacité de nous exprimer d'une manière constructive grâce à elles. Mais nous n'en sommes pas capables. La plupart du temps, nous empêchons ce processus naturel. La plupart du temps, nous masquons nos émotions en nous divertissant, en nous plaignant, en nous enivrant d'habitudes, d'aliments, de boissons.


Mais qu’est-ce qui, au fond, nous empêche de devenir des Super Saiyan ?


Je crois que nous sommes limités par nos concepts, nos représentations qui modifient en permanence la réalité, pour éviter justement de déclencher des émotions fortes, et justement de nous transformer en Super Saiyan. Notre pouvoir intérieur nous fait peur. C'est l'intuition que je souhaite développer dans cet article.


Un concept, c’est une idée, une représentation sur comment certaines choses devraient être, pensées ou faites. Concepts de ce qui est bien, de ce qui est mal, de ce qui devrait être, ou ne pas être. Des milliers de concepts, de croyances, qui ne sont pas forcément conscientes mais qui sont là, et guident nos vies. Par exemple, nous avons quasiment tous une idée préétablie de comment nous devrions passer nos journées, ce que nous devrions manger, ces concepts sont dictés par les codes de notre culture et de notre époque, influencée par les médias et nos amis, notre famille et beaucoup de "on dit", rarement par l’expérience seule. Mais avons-nous pris le temps de questionner cela ?

Je me demande sérieusement : avons-nous pris le temps de réfléchir sur nos propres critères du bonheur ?

Derrière chaque concept, il y a un besoin, parfois compulsif, de faire comme les autres. Et si on ne fait pas comme les autres, on se sent mauvais, nul. À l’inverse, si on fait comme les autres et qu’une personne ne fait pas comme nous (et les autres), on va lui faire comprendre qu’il est mauvais, nul (par un regard méprisant par exemple). Et encore pire, on peut faire comme les autres, sans se soucier du mal qu’on fait autour de nous, quitte à blesser, mépriser, humilier, dégrader. Les exemples ne manquent pas : l’excision qui se pratique toujours dans certains pays malgré la douleur et l'humiliation, notre rapport supérieur envers les enfants dont on méprise inconsciemment (?) l’innocence et la joie de vivre, la population de tout âge qui se fait manipuler par les réseaux, de la télé qui se nourrit de nos peurs aux influenceurs qui ne pensent qu'à leur popularité. Et pendant ce temps continuent les regards malveillants envers les SDF, les homosexuels, les marginaux, les atypiques, les étrangers et bien d'autres. Quiconque se lèverait contre tout cela aurait des problèmes, car sa rage pourraient remuer bien des concepts puants qui trainent dans nos inconscients collectifs depuis des générations.

Dès qu’il y a un besoin de faire comme les autres, lorsqu’on cède à une pression sociale ou familiale sans se questionner, il y a un être qui en souffre.

  Découlent de tout cela des concepts figés, de comment il faut agir dans telle ou telle situation, comment se comporter dans la rue, comment se tenir à table, en classe ou au bureau, pour ne pas provoquer de remarques désagréables, de regards méprisants, de chaos. Ainsi nos paroles, nos pensées, nos actes sont tous plein de concepts. Il faut faire ceci ou il faudrait faire cela. Et si tu ne le fais pas, tu vas sentir une pression parfois invisible que tu es en tort.

Avons-nous besoin de connaître le concept de bonheur pour être heureux ?

Les concepts sont-ils utiles, inutiles, nécessaires ou pas ? Nous aident-ils à être plus heureux, avec nous-mêmes et avec les autres ? Nous permettent-ils d’apprécier la vie, ou de mieux l’appréhender ? Mais appréhender la vie, ne serait-ce pas un autre concept ? Y aurait-il vraiment quelque chose à appréhender ? Avons-nous besoin de connaître le concept de bonheur pour être heureux ? Devons-nous faire quoi que ce soit qui soit utile ? L’idée qu’il y ait des comportements utiles et inutiles, n’est-ce pas encore des concepts ? Au final : qui dit ce qui est bien, mal, utile ou inutile ? Qui décide tout cela ? Une personne maligne ? Un groupe de décideurs aux intentions malsaines ? Ou toute une population en hypnose permanente ?

 

Pensez à l’énergie nucléaire ou à l'intelligence artificielle. Dans notre culture, et ce depuis quelques siècles, on porte une adoration aveugle à l’idée de progrès, surtout lorsqu’il est de nature scientifique. Pourquoi ? Se pose-t-on encore la question ? Non. On se dit « Les découvertes scientifiques sont le progrès de l’humanité, et le progrès c’est bien ». Lorsqu’il y a des millions de morts, est-ce qu’on tient ce discours ? Non. On se dit « Des millions de morts, c’est terrible », bien que ce soit moins terrible lorsque ces morts sont loin de chez soi. Mais certains diront à l’inverse « Le progrès c’est inutile », mais ont-ils plus raison ?

 

Lorsqu’on est amoureux, par exemple. Si on ressent une émotion si forte pour une personne, qui d'une façon mystérieuse aurait déclenché des sensations très agréables chez nous, on aurait envie de se poser mille questions, de le dire à la Terre entière, on voudrait se faire beau, en faire des story instagram, oui, sûrement. Sûrement car on est si habitué à ça … mais dans cet état d’amour, l’urgence de vivre n'est-elle pas beaucoup plus forte ?


Et lorsque Songoku sent que sa rage le pousse à se transformer, il utilise sa rage pour se transformer. Songoku ne se demande pas s’il faut, ou pas, combattre l’ennemi, il fonce dessus.

Quand Songoku est en colère, il ne fait pas semblant ! Il est vraiment en colère ! Est-ce que vous imaginez qu’il fait de l’EFT pour se calmer, ou se mette à méditer pour empêcher sa colère ? Non, quand SonGoku est énervé, il est énervé ! Sa colère il la sort, et il ne fait pas semblant. Mais il a de bonnes raisons : son enfant ou son ami se fait tabasser sous ses yeux. Et c’est grâce à cette énorme colère, cette énergie formidable, qu’il se transforme en Super Saiyan. Cette énergie lui permet d’évoluer, ce n’est pas son choix mais le choix de cette énergie qui le traverse. Lorsqu'on me demande pourquoi j'ai écrit mon livre sur les enfants atypiques, je leur répond que c'est ma souffrance qui m'a poussé, la souffrance de voir cet enfant qui vivait la même chose que moi, cette peine et cette rage que j'ai mis des heures à transformer en mots, en paragraphes, en chapitres. Face à tant d'injustice, d'incohérence, d'actes immatures et inconscients, l'écriture a été le canal, l'objet de ma peine, de mon dégoût, de mes angoisses, face au besoin urgent de transformer les modèles éducatifs. Publier mon livre m'a aidé à donner du sens à cette souffrance, que j'ai masqué trop longtemps. Comme artiste, c'est mon moyen privilégié, mais chacun a son propre moyen.

Songoku ne se demande pas s’il faut, ou pas, combattre l’ennemi, il fonce dessus. Lorsque l'émotion nous prend, nous pouvons y donner un sens, qui soit bénéfique aux autres.

L’énergie pure, sans contrôle du mental, sait ce qu’elle doit faire, notre problème est qu’on voit la colère comme bien ou mal, et cela empire tout. Si nous n'osons pas nous mettre en colère dans une situation, nous pouvons accumuler tant d'énergie qu’on finit par perdre contrôle. De nombreux actes regrettables sont faits dans ce genre de situations.


Songoku, quand il se transforme, ses cheveux poussent, il a le teint jaune, ses pectoraux gonflent, et il devient alors plus fort, prêt à affronter l’ennemi qui a osé toucher à son fils. Peut-on dire que sa colère est saine ou malsaine ? Dans cet exemple, la colère lui permet de grandir, de développer ses capacités, sa force intérieure. S’il décide de mettre la pâtée à Freezer, c’est car celui-ci le mérite bien : il a fait beaucoup de mal ! Songoku, dans sa colère gigantesque, ne se met pas à battre son fils, ni se moque de Krilin, ou engueule sa femme, il en est incapable, car il les aime si fort. Son énergie est dirigée sur la source du mal, c’est pour ça que c’est une colère saine, selon moi. Dans Dragon Ball, la fin justifie les moyens. Il n’y a pas de système de justice entre les gentils et les méchants : c’est à la vie à la mort. Il faut bien que quelqu’un fasse le boulot. Dans le siècle passé, lorsque les Américains ont créés la bombe atomique, c'était aussi pour éviter que les Nazis la créent avant eux.


Lorsque on conditionne les enfants à ne pas exprimer leurs émotions, à se "gérer", à qui cela profite-t-il ? Au bien-être des parents, au calme des crèches, aux vendeurs de jouets éducatifs, aux politiques qui utilisent notre force de servitude, aux écoles qui continueront à tuer notre curiosité, aux psychiatres ou aux thérapeutes, aux patrons qui cherchent des travailleurs obéissants ? Nous-sommes nous demandés si les émotions n'étaient pas juste l'expression joyeuse de l'enfance qui célébre son élan de vie ? C'est si bon de vivre pleinement sa rage, son deuil, sa joie, ses peurs, lorsqu'il y a de l'amour et de l'attention autour de nous, non ? À côté de ça, je constate trop de situations où l'on empêche, sans raison cohérente ni danger immédiat, l'expression spontané de l'enfant. Et c'est cela qui me préoccupe (d'autant plus que je crois que de nombreuses maladies physiques et psychologiques sont les conséquences d'émotions non-exprimées.)


Je crois que plus on empêche l'expression spontanée des enfants, plus on a à "gérer" les enfants. Plus on laisse les enfants s'exprimer, se "gérer", d'eux-mêmes ou entre eux (sauf réel danger immédiat), plus les enfants sont conscients, autonomes, plus ils se "gèrent". Pour ce qui est de la violence, je crois que les enfants l'expriment car ils la subissent, surtout par l'excès de contrôle qu'on exerce sur eux. Faudrait-il empêcher la violence, la canaliser, ou faudrait-il réfléchir à nos attitudes et nos réactions ?


Ce concept de violence est à questionner car il est présent partout, dans le non-respect du consentement omniprésent dans le monde de l'enfance et dans la sexualité, dans l'étalage d'anecdotes malsaines venant des médias, dans le language des jeunes générations (c'était aussi mon cas), dans les publicités qui incitent à être et avoir toujours plus, dans la discrimination inséminée par les films, animations, jouets etc...


Comment serait un monde sans violence ? Peut-on l'imaginer ? Aucune contrainte psychologique, pas de punitions ni de récompenses pour nous forcer à quelque chose qu'on ne veut pas, pas de coup ni de fessée, plus d'armes qui fasse du mal (sauf dans l'imagination et les jeux qui peuvent être salvateurs). Un monde où personne n'aurait à faire ce qu'on lui impose de faire ? Où l'on se sentirait libre d'agir selon sa volonté ? Dans ce monde, est-ce que l'on aurait besoin de gérer ses émotions ? Pour revenir au monde de Dragon Ball, personne n'oserait reprocher à Songoku d’avoir tabassé Freezer, croyez-moi.


Nicolas Delarose - 2022-2024

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